Sophie Gazel

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A la Grange, un regard sur un monde immonde
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Article de La Provence Avignon 2018
JOURNAL DE LA PROVENCE Par Patrick Denis La mise en scène est très soignée avec un décor qui renforce l'intrigue. Les acteurs sont au top avec une mention spéciale pour Mama interprétée par Victoria Monedero et par Dorothée Dall’Agnola sa doublure circassienne pour les scènes "renversantes". L'histoire nous réserve bien des surprises, mais pour les découvrir, il faut aller voir la pièce. Théâtre des Lucioles. Du 6 au 29 juillet à 18h50. Relâche les 17 et 24 juillet Tarifs : 19€. Abonné : 13€. Enfant (-12 ans) : 10€. Réduit : 8€ Infos et réservations : +33 (0)4 90 14 05 51. www.theatredeslucioles.com
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L'Art Vues
Sélection du Off par Luis Armengol Le 17 Juillet 2018 Ils ne mouraient plus… mais étaient-ils encore vivants ? Le tango n’est pas la seule spécialité des Argentins. Ils ont aussi un humour noir féroce et décapant qui s’est exprimé à travers les œuvres d’artistes comme Copi, Alfredo Arias ou Manuel Puig. Ils ne mouraient plus… s’inscrit dans cette veine de comédie grinçante qui dissimule derrière le burlesque des situations une réalité souvent dramatique. Le cinéma italien en a lui aussi parfois donné quelques beaux échantillons comme le mémorable Argent de la vieille de Comencini. La pièce de Daniel Dalmaroni, adaptée et mise en scène par Sophie Gazel montre trois frères et soeurs à court de moyens financiers pour subvenir aux besoins de leur vieille mère, hypocondriaque et quelque peu tyrannique. Ils prennent alors tout simplement la décision de la tuer. Oui mais comment ? Engager un tueur professionnel ? La balancer dans l’escalier ? Lui tordre le cou ? Et lequel d’entre eux va commettre le meurtre ? On assiste aux préparatifs du crime, aux vives discussions de famille qui balancent entre indignation et pragmatisme cynique. Car en filigrane apparaît la question du statut des vieux dans notre société, qui plus est dans une société argentine où les classes moyennes aux abois doivent affronter de graves difficultés financières qui menacent leur quotidien. Subsister pour exister. Quoi de mieux que le théâtre et le burlesque pour mettre en scène ces situations où l’amour filial est balayé par les contingences matérielles, et avec lui tous les tabous sociétaux. La pièce ressemble à une boule puante envoyée dans le salon de notre humanité pour interroger la dimension civilisée du genre humain. Elle le fait avec une drôlerie extrême qui nous rappelle que l’humour est peut-être l’étape décisive avant la conscience de soi. Freud l’avait théorisé, et les Argentins, qui raffolent de psychanalyse, ne l’oublient jamais. La pièce est menée à vive allure par de bons comédiens qui rendent parfaitement crédible, on ose dire presque ordinaire, la sombre machination ourdie par la famille. Les situations burlesques s’enchaînent devant un spectateur pris à témoin, partagé entre rire et horreur devant un jeu de massacre qui fait appel aux arts du cirque... On rit franchement, on écarquille les yeux, on s’indigne. Mais il n’est pas interdit de réfléchir un peu aussi devant ce spectacle qui dérange salutairement Théâtre des Lucioles à 18h50 jusqu’au 29 juillet.