Sophie Gazel

ILS NE MOURAIENT PLUS... Mais étaient-ils encore vivants?

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Résumé
COMÉDIE FÉROCE ET DÉCALÉE : Une satire familiale argentine sur la dépendance, alliant humour mordant, musique, cirque et vidéo. Comment dissimuler la Mama, malade de tout, dans une tragi-comédie dépeignant l'égoïsme en lutte contre l'amour filial, révélant ainsi la poésie d'une lutte existentielle.
Description

COMÉDIE FÉROCE ET DÉCALÉE : Une satire familiale argentine sur la dépendance, alliant humour mordant, musique, cirque et vidéo. Comment dissimuler la Mama, malade de tout, dans une tragi-comédie dépeignant l'égoïsme en lutte contre l'amour filial, révélant ainsi la poésie d'une lutte existentielle.

NOTES DE MISE EN SCÈNE

Pour mettre en scène ce drame social et familial je choisis de multiplier les croisements entre texte, musique, arts du cirque et création d'images.

Au centre de cette histoire, il y a une présence, celle de la Mama, une présence et un corps, son corps lourd et presque inanimé. Ce corps, qui prend toute la place et concentre toutes les attentions,nous fait presque oublier qu'il s'agit d'un être humain. Petit à petit on glisse vers la métaphore et l'image du corps humain disparaît derrière celle du « corps objet »,objet de consommation périmé, tout juste bon pour la casse.


Une grande partie de mon travail de réécriture de la pièce, a consistéà imaginer les moyens de chosifier le corps de la Mama.J’ai immédiatement pensé les tentatives d’assassinats comme les expressions profondes des rapports que les enfants entretiennent avecleur mère, à travers leurs façons de traiter son corps, comme unobjet qui prend trop de place. Là où on pourrait s’attendre à dela bienveillance, à de la prudence dans la manipulation de ce corpsaffaibli, j’ai préféré mettre en avant le caractère encombrant d’un corps qui n'en finit jamaisde mourir et qui fait naître des idées complètement irréalistes pour l'éliminer.

 

Les arts du cirque au centre du dispositif dramatique.

Pour faire des allers et venues rapides entre le réalisme et lesurréalisme, je souhaite faire se croiser différentes disciplines artistiques qui vont participer pleinement à ladramaturgie,les arts du cirque avec une contorsioniste qui prendra à certains moments la place de la mère quand le corps est de plus en plus chosifié et qu'on en oublie même qu'il s'agit d'un être humain. Accrobaties et cascades lors des tentatives de meurtres et les échecs qui s'en suivent et qui vont me permettre de revisiterle burlesque.

L’intégration de ces disciplines artistiques augmente le potentiel narratif, celame donne la possibilité de susciter l’effroi en jouant sur la reconnaissance du corps de la comédienne et la vraisemblance de sa destruction. Au moment où l’on rit on est aussi ému, indigné ettraversé par des prises de conscience. «Comment peuvent-ils fairesubir cela à leur vieille mère ?! »                                                                                                

La poésie naît du surréalisme des scènes, au gré des mutations corporelles de la Mama qui passe toujours par le filtre du regard de ses trois enfants(leurs hésitations, leurs prises de décision, leurs remords, leurs déterminations…) Tour à tour, le corps devient objet encombrant tel un boulet (malade, vieux, cloué à son fauteuil), objet nostalgique (travail vidéographique, projection du corps jeune de la Mama, évocation du temps qui passe), objet indestructible (la chute dans les escalierset celle de l'armoire normande qui s'écrase sur la Mama) et enfinobjet désintégré (le cauchemar d'Ernesto et la répétition del’étranglement de la Mama sur un traversin qui termine en un nuagede plumes)...

Le spectateur devient un témoin privilégié, il assiste impuissant auxoutrages et à la transformation du corps en objet. C’est par ceprocédé que se déploie l'humour noir et le burlesque

Humour noir et burlesque

Le burlesque est l’art des accidents, « des ratés », descatastrophes, des petits et des grands déséquilibres. Dans notrelutte quotidienne pour l’équilibre nous savons à quelle précariténous sommes soumis. Le drame est de ce fait, l’endroit idéal pour le déploiement du burlesque.

Ernesto,Ana et Mario ne sont pas des professionnels du crime. Les différents« ratés » et leurs maladresses dans l'élaboration de leurs plans (cf : la répétition du crime avec le traversin)nous font rire autant qu'ils nous indignent. Le burlesque naît ici du décalage entre le comique et le tragique ou pathétique.

L’humour noir n’a pas de tabou, c’est même son terrain de prédilection,il peut notamment évoquer avec détachement, voire avec amusement,les choses les plus horribles ou les plus contraires à la morale enusage. Ce qui m’intéresse c’est d’établir un contraste entrele caractère bouleversant et tragique des plans d’Ernesto, d’Anaet de Mario pour éliminer leur mère et la façon dont ils enparlent avec détachement et méthodologie.          

Traitement du temps

Le temps de l'attente.

L'atmosphère de la pièce est déjà pressentie dans les toutes dernières parolesd'Ernesto dans la première scène : « Nous aussi on attend, nous aussi on attend ».

Mon travail de mise en scène sera entre autres de rendre perceptible etpalpable cet arrêt du temps et l'attente de la mort. Si ce n'estcelle de la Mama, de toute évidence ce sera celle de ses enfants.Ernesto n'a plus de vie à lui, il attend de retrouver le sommeil.Mario n'a plus rien, il a tout vendu, il attend de pouvoir repartir àzéro. Ana n'a plus d'âge, le temps s'est arrêté pour elle.

L’appréhension du temps est donc un des enjeux du spectacle.

Pour le matérialiser, j’ai créé de nombreux allers retours entre le passé et le présent des personnages. Avec la distorsion du temps, je nourris le tragique de cette histoire.Convoquer la mère sur scène âgée et dépendante dans son fauteuil roulant et quasi simultanément la faire « revivre »comme elle était « jeune », me permet de faireapparaître en filigrane la nostalgie, non seulement la sienne maisaussi la nostalgie de ses enfants.                    

Cette alternance et parfois même cette juxtaposition, sur le plateau, despersonnages à différents âges de leurs vies me permettent aussi detémoigner de ce qu'est devenu leur quotidien: un éternel présentsans avenir, tant que la mort ne les délivre pas. Sile monde et la vie sont en perpétuel mouvement, Ernesto, Mario etAnna n'y participent plus.

SCÉNOGRAPHIE

Une scénographiequijoue un rôle essentiel dans la narration de cette histoire. Unescénographie qui privilégie la création d'images, l'apparition etla disparition d'espaces qui se transforment et de mécanismesréalisés à vue du public.

Quelques éléments seulement pour signifier l'intérieur d'une maison mais pas de décor naturaliste.

Àl ’intérieur de ces espaces, la lumière occupe une placeprépondérante et centrale, faisant apparaître et disparaître cesespaces par des jeux de transparences.

L'idée pour moi primordiale, est que la lumière ne se « rajoute » pas àla mise en scène et à l’écriture mais qu'elle la constitue. Ilen sera de même pour le traitement du son qui détermine marecherche sur le climat et l'atmosphère.

L'Art Capturè
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